Articles | ||
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François Nault | L'improbable "Théologie" de Samuel Beckett (l'autre, le désir, la trace): à partir d'une hypothèse de Michel de Certeau (Sommaire) | p. 139-153 |
Susan Haack | L'éthique de la croyance reconsidérée (Sommaire) | p. 155-170 |
Dany Charland | La théologie comme "savoir critique" dans la société et l'Église contemporaines? (Sommaire) | p. 171-189 |
Sébastien Charles | La question de la liberté dans l'interprétation hégélienne du tragique (Sommaire) | p. 191-204 | Étude critique |
Michel Gourgues, o.p. | Le Nouveau Testament dans la nouvelle traduction de la Bible en français | p. 205-223 | Comptes rendus |
P. Abadie et J.-P. Lémonon (dir.) | Le judaïsme à l'aube de l'ère chrétienne | par H. Tremblay, o.p. |
Jørgen Bukdahl | Søren Kierkegaard and the Common Man | par G. Csepregi |
James R. Davila | Liturgical Works | par J. Duhaime |
François Euvé | Penser la création comme jeu | par J.-C. Breton, o.p. |
P. W. Flint et T. H. Kim (dir.) | The Bible at Qumran. Text, Shape, and Interpretation | par J. Duhaime |
Claude Geffré | Croire et interpréter. Le tournant herméneutique de la théologie | par L. Perron |
John F. Haught (dir.) | Science and Religion in Search of Cosmic Purpose | par C. Plante |
A. Jacquard et A. Kahn | L'avenir n'est pas écrit | par J.-M. Dufort |
Thomas De Koninck | La nouvelle ignorance ou le problème de la culture | par J.-F. Méthot |
D. Müller et H. Poltier (dir.) | La dignité de l'animal. Quel statut pour les animaux à l'heure des technosciences? | par M. Montminy |
J. Secada | Cartesian Metaphysics. The Late Scholastic Origins of Modern Philosophy | par M. Allard |
Bernard Sesboüé, s.j. | Karl Rahner | par G. Langevin, s.j. |
Michael Tanner | Nietzsche. A Very Short Introduction | par M. Allard |
Réal Tremblay | L'élévation du Fils, axe de la vie morale | par J.-F. Mélançon |
Sommaire
Dans cet article, l'auteur se propose de lire Samuel Beckett en théologien, de
chercher à lui faire dire "Dieu", de forcer son secret, de procéder par coup de
force, mais sans toutefois chercher à inscrire cette lecture dans le "système de
la vérité", c'est-à-dire sans la prendre trop au sérieux. On sait que Michel de
Certeau avait le projet de consacrer le deuxième tome de La Fable mystique à une
analyse de la mystique contemporaine: certains jalons de ce travail avait déjà
été posés par Certeau et il y a lieu de croire qu'un chapitre de l'ouvrage
aurait été consacré à Beckett. Dans cet article, il s'agit donc d'imaginer ce
que Michel de Certeau aurait pu écrire sur la mystique beckettienne. Loin de
vouloir atténuer le caractère improbable de cette "fiction", l'auteur voudrait
l'accentuer en l'arrimant à une hypothèse de lecture que l'on doit à Certeau
lui-même: l'hypothèse d'une homologie entre le christianisme et le discours
lacanien.
Summary
In this article the author aims at reading Samuel Beckett as a theologian,
attempting to make him say "God", to force him to reveal his secret, to beat it
out of him, but still without trying to locate this reading within the "system
of truth", i.e. without taking it too seriously. We know that Michel de Certeau
intended to devote the second volume of La Fable mystique to an analysis of
contemporary mysticism: some guide-posts for this work had already been laid
down by Certeau and there is resaon to believe that a chapter in the work would
have been devoted to Beckett. In the present article, the idea is to imagine
what Michel de Certeau could have written concerning Beckettian mysticism. Far
from wishing to tone down the improbable character of this "fiction", the author
wants to accentuate it by setting it carefully within an interpretative
hypothesis which we owe to Certeau himself: the hypothesis that Christianity and
Lacanian language are homologuous.
Sommaire
Quelle est la relation de l'évaluation épistémique à l'évaluation éthique?
L'évaluation épistémique représente-t-elle un cas particulier de l'évaluation
éthique, comme le pense Chisholm, ou en est-elle distincte ou analogue, comme le
pensait Firth? Est-il toujours mauvais de croire sur fond de preuves
insuffisantes, comme le maintenait W. K. Clifford, ou avons-nous le droit de
croire en une proposition, même si les éléments probants sont insuffisants?
Chisholm et Firth sont tous deux dans l'erreur: dans certains cas de croyance
injustifiée, le sujet est blâmable aussi bien au plan épistémique que moral.
Clifford et James sont aussi dans l'erreur: la position de James est trop
permissive épistémologiquement, et celle de Clifford trop exigeante au plan
moral.
Summary
What is the relation of epistemic to ethical appraisal? Is the former a special
case of the latter, as Chisholm maintains, or distinct but analogous, as Firth
held? Is it always wrong to believe on insufficient evidence, as W.K. Clifford
insisted, or do we have the right to believe in the absence of sufficient
evidence, as William James replied? Both Chisholm and Firth are mistaken: in
some, but not in all cases of unjustified believing, the subject is morally as
well as epistemically at fault. Both Clifford and James are mistaken: James's
position is too permissive epistemically, Clifford's too demanding morally.
Sommaire
Ce texte aborde trois réalités socio-ecclésiales contemporaines en fonction
desquelles la théologie doit susciter un questionnement, une interprétation et
exercer un jugement. La théologie doit d'abord, à la faveur du développement
d'une authentique foi populaire, questionner toute religiosité "infantilisante".
Puis, la théologie doit se montrer vigilante à l'égard de la propension du
magistère romain à se prononcer de plus en plus définitivement sur des doctrines
dites "connexes" à la Révélation. Enfin, nous supposons que "la crise en vérité
herméneutique" de la Tradition constitue, non seulement la troisième des
situations socio-ecclésiales exposées, mais aussi le nœud problématique de leur
convergence, que la théologie doit critiquer.
Summary
This text approaches three contemporary socio-ecclesial realities in function of
which the theology has to arouse a question, an interpretation and to exert a
judgement. The theology has first, to the favor of the development of an
authentic popular faith, to question all "infantilisable" religiosity. Then, the
theology has to appear vigilant with regard to the propensity of the Roman
magistere to pronounce increasingly definitively on doctrines tell "related" to
the Revelation. Finally, we suppose that "the hermeneutical truth crisis" of the
Tradition constitutes, not only the third of socio-ecclesial situations exposed,
but also the crux of their convergence, that the theology has to criticize.
Sommaire
Dans l'analyse hégélienne du tragique, la liberté apparaît d'emblée comme un
phénomène d'importance puisque le conflit qui oppose les personnages entre eux
suppose chez ces derniers une liberté de choix et d'action. Mais si la liberté
est un facteur interprétatif nécessaire, comment se fait-il qu'elle n'apparaisse
qu'en tant qu'élément externe, n'ayant nulle place spécifiquement définie tant
dans la tragédie antique (la notion de destin et l'inéluctabilité du conflit
interdisent son intervention) que dans le drame moderne (la conception du
caractère moderne s'y oppose nommément)? C'est à cette question que nous nous
efforcerons de répondre en tentant d'expliciter ce qui se présente de prime
abord sous une forme paradoxale. Auparavant, nous rappellerons dans ses grandes
lignes la conception hégélienne de la tragédie - notamment en cherchant à
expliquer les différences qui se font jour entre la première étude du phénomène
tragique déployée dans la Phénoménologie de l'Esprit et la dernière, celle des
Leçons sur l'esthétique -, et proposerons une lecture des deux manifestations
contraires à la liberté que sont la nécessité et le caractère dans
l'interprétation que propose Hegel de la tragédie grecque et du drame moderne.
Summary
Within the Hegelian analysis of tragedy, freedom appears as an important
phenomenon since the conflict opposing the characters supposes in them a freedom
of choice and action. If freedom is a necessary interpretative factor, why then
does it simply appear as an external element, without having received a definite
role in ancient tragedy (the notions of destiny and of the inevitability of
conflict precluding it) as well as in the modern drama (the conception of the
modern character opposing it)? We will try to address this question looking at
what seems at first sight a paradox. We will examine in its main points the
Hegelian conception of tragedy, especially by looking at the differences between
the first study of the tragic phenomenon in the Phenomenology of Spirit and the
later approach of the Lectures on Aesthetics. We will then propose a reading of
the two manifestations opposed to freedom, namely necessity and character, in
the Hegelian interpretation of ancient tragedy and modern drama.