Introduction
Présentation
Élisabeth J. Lacelle
Thomas Raymond Potvin, o.p. (1934-2005) – Notes bio-bibliographiques
Marie-Thèrèse Nadeau, c.n.d.
Exégèse et théologie bibliques
ARTICLES |
The Tree(s) in the Middle of the Garden (Gn 2:9; 3:3) | |
Walter E. Vogels | sommaire |
God and the Evil Men Do According to Ben Sira 15:11-18:14 | |
Paul E. Dion | sommaire |
Les premières communautés chrétiennes. Diversité et unité | |
Jean-Paul Michaud | sommaire |
« Colonne et socle de la vérité ». Note sur l’interprétation de 1 Tm 3, 15 | |
Michel Gourgues, o.p | sommaire |
Blondel’s Philosophical Probe into the Mystery of the Trinitarian Life As Mystery of Mysteries | |
Oliva Blanchette | sommaire |
Retracer de la « communauté » et du « commun » en régime « postmoderne », ou des avances et des offres signées « Jean-Luc Nancy » | |
Maxime Allard, o.p | sommaire |
Neither Ill nor Healed: The Current State of the Individual | |
Maurice Boutin | sommaire |
La théologie comme science de Dieu et comme science de la religion | |
Jean Richard | sommaire |
Le concept de « révélation » et la compréhension de soi du christianisme. Quelques observations sur la relativisation d’un paradigme en théologie fondamentale, de Vatican II à aujourd’hui | |
Jean-Claude Petit | sommaire |
La foi dans « l’univers de la rationalité » selon Jean Ladrière | |
Louis Perron | sommaire |
Espérance eschatologique et expérience spirituelle | |
Jean-Claude Breton, o.p | sommaire |
La mystique dans la théologie de la grâce: prospecter un chemin de crête | |
Philippe Gagnon | sommaire |
Les « remontrances » adressées aux évêques du Québec: expression contemporaine d’un droit ancien? | |
Gilles Routhier | sommaire |
Le statut pluridisciplinaire de l’ecclésiologie. Une requête de Lumen Gentium 8 : « L’Église, réalité complexe, faite d’un double élément humain et divin » Hervé Legrand, o.p. | |
Hervé Legrand, o.p. | sommaire |
Jésus, « prophète eschatologique » ou « Christ »? Évaluation de l'identification de Jésus comme «prophète eschatologique» chez Edward Schillebeeckx | |
Bruno Demers, o.p. | sommaire |
Openness and Gift: Themes from Rahner’s Theology | |
Margaret O’Gara | sommaire |
The Ecumenical Context of Dignitatis Humanae: Forty Years after Vatican II | |
Catherine E. Clifford | sommaire |
Concepts of Authority in Twentieth-Century Theology : An Ecumenical Review | |
Michael A. Fahey, S.J. | sommaire |
The Tree(s) in the Middle of the Garden (Gn 2:9; 3:3)
Summary
A literal translation of the Hebrew text of Genesis 2:9 would be: “Yahweh God caused to grow out of the ground all [kinds of] trees pleasant to look at and good (tob) to eat, and the tree of life in the middle (betok) of the garden, and the tree of the knowledge of good (tob) and bad (ra’)”. This short study examines two questions. First: how many trees are in the middle of the garden: two or only one, and if so, was it the tree of life or the tree of knowledge? Secondly, why was this one tree or were these two trees placed in the middle of the garden? The two trees in the middle of paradise are indeed in the middle of our human existence: life and knowledge. They are two divine attributes and therefore the deepest and most sacred human desires.
Sommaire
Traduit littéralement, le texte hébreu de Genèse 2,9 se lit ainsi : « Yahvé Dieu fit sortir du sol tous (les genres d’) arbres agréables à voir et bons à manger, et l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal ». Cette brève étude aborde deux questions : 1) Combien d’arbres y a-t-il au milieu du jardin ? deux ou un seul, et, dans ce cas, est-ce l’arbre de la vie ou l’arbre de la connaissance ? 2) Pourquoi cet arbre ou ces deux arbres ont-ils été placés au milieu du jardin ? Plantés au cœur du paradis, ces deux arbres, la vie et la connaissance, le sont aussi bien au cœur de l’existence humaine. Ils représentent deux attributs de Dieu et en conséquence les désirs humains les plus profonds et les plus sacrés.
Summary
The wisdom book of Ben Sira (early 2nd century), better preserved in a Greek translation (“Ecclesiasticus”) than in Hebrew, contains several elaborate developments. Prominent among those is an apologetic discussion (15:11-18:14), in which the sage argues that God is neither responsible for the evil men do, nor indifferent to it, but punishes obdurate sinners, and yet shows mercy to those who repent. This tractate is based on the Genesis creation narrative and Deuteronomy’s doctrine of human responsibility. Allusions to the biblical tradition and affinities for Second Temple Jewish literature are much more visible here than any Greek influence.
Sommaire
L’œuvre de Ben Sira (début du deuxième siècle, mieux conservée en grec (“l’Ecclésiastique”) qu’en hébreu, renferme plusieurs longs développements. Le plus important est un morceau d’apologétique (15,11-18,14), où l’auteur démontre que Dieu n’est ni responsable ni insensible à l’égard du mal commis par les humains, mais tout prêt à châtier les pécheurs endurcis, et à pardonner à quiconque se repent. Ce court traité se base sur les récits de création de la Genèse et sur les textes deutéronomiques enjoignant de prendre parti pour ou contre la torah. Ses affinités le rapprochent de la Bible et du Judaïsme postérieur plutôt que des idées grecques.
Sommaire
Il est devenu courant, surtout en Amérique du Nord, de parler de «christianismes perdus», de communautés chrétiennes anciennes dont les textes canoniques auraient effacé toute trace. Dans cette perspective, le scénario lucanien des origines chrétiennes est considéré comme pure fiction, dépourvu de toute valeur historique. C’est la thèse défendue en particulier par un groupe de biblistes américains dans l’ouvrage récent Redescribing Christian Origins (2004). Le présent article entend reparcourir, pour l’évaluer, le scénario du livre des Actes. Il montrera certes l’incomplétude du portrait des origines chrétiennes qui en résulte, mais soulignera particulièrement la faiblesse des arguments avancés pour redécrire ces origines, en mettant totalement au rancart le «grand récit» de Luc.
Summary
There is a tendency today, especially in North America, to speak of "lost christianities," of ancient christian communities whose traces have been completely erased by the canonical texts. In this perspective, the Lukan description of christian origins is looked upon as pure fiction, devoid of any historical value whatsoever. Such is the thesis defended particularly by a group of American biblists in the recent work, Redescribing Christian Origins (2004). The present article intends to revisit, and evaluate, the scenario of the book of Acts. It will, of course, show the incompleteness of the portrait of christian origins presented there, but, more importantly, it will underline the weakness of the arguments advanced in the effort to redescribe these origins by totally jettisoning Luke's "grand récit."
Sommaire
Selon l’interprétation privilégiée par les commentateurs de la première lettre à Timothée, l’exhortation de 3,15, tout en étant adressée à ce dernier, concerne en réalité l’Église et le rôle qui lui revient en regard de la vérité. On comprend alors que les deux images du v. 15b, celles de la colonne et du soutien ou du socle, prélevées dans le monde de l’architecture, se rapportent à « l’Église du Dieu vivant » mentionnée juste auparavant, après avoir été désignée symboliquement comme « maison de Dieu ». De bons indices portent plutôt à penser que ces images rendent compte, non pas du rôle de l’Église mais de celui de Timothée lui-même dont la lettre souligne la responsabilité dans la ligne de l’enseignement en conformité avec l’Évangile (1,10) et la révélation faite en Jésus Christ (6,3). C’est en accomplissant ce service que Timothée – comme les autres ayant à jouer un rôle semblable – se montrera colonne et socle de la vérité au sein de la communauté des croyants, que 1 Tm définit précisément comme « ceux qui connaissent la vérité » (4,3).
Summary
For most commentators of 1Tm, the author’s exhortation in 3:15, although
addressed specifically to Timothy, refers rather to the church and its role with
respect to truth. According to this prevalent interpretation, the two
architectural images of the pillar (stylos) and the base or pedestal (hedraiôma)
in v 15b should be understood as relating to what immediately precedes these
images, that is the «church of the living God» which has just been symbolically
called «house of God». However, substantial clues suggest that these images are
intended to evoke Timothy’s own responsibility for teaching in conformity with
the Gospel (1:10) and the revelation in Jesus Christ (6:3), as explicited by the
whole epistle. It is through fulfilling this service that Timothy – as well as
others assuming the same responsibility – was to be a pillar and foundation of
truth within the community of believers, who are notably defined in 1Tm as
«those who know the truth» (4:3).
Philosophie
Blondel’s Philosophical Probe into the Mystery of the Trinitarian Life As Mystery of MysteriesWhile maintaining a radical incommensurability of the Christian Spirit in its mysteries with respect to reason’s capacity to investigate, Blondel nevertheless saw probing into these supernatural mysteries as an essential task for an integral philosophy, on the grounds precisely that philosophy itself has to recognize its insufficiency in dealing with the questions of religion it is inevitably led to. There are many such questions, or enigmas, that Blondel probes according to a cycloidal method, relating them to the wide spectrum of Christian mysteries, ranging from God on high to the symbiotic sacramental life of Christians on earth. Here we examine how he launches this cycloidal method by beginning with how God remains an enigma for philosophy and how the Mystery of Trinitarian Life brings new light into this enigma.
Sommaire
Tout en maintenant une incommensurabilité radicale entre les capacités d’investigation de la raison et l’Esprit chrétien dans ses mystères, Blondel a cependant considéré l’exploration de ces mystères surnaturels comme tâche essentielle d’une philosophie intégrale, en raison même de l’insuffisance que la raison doit reconnaître lorsqu’il s’agit des questions de religion auxquelles elle est conduite inévitablement. C’est ainsi qu’en mettant en œuvre sa méthode cycloïdale, Blondel sonde de multiples questions ou énigmes se rattachant au grand spectre des mystères chrétiens, depuis la transcendance même de Dieu jusqu’à la vie de communion sacramentelle vécue ici-bas par les chrétiens. La présente étude examine comment s’opère chez Blondel le lancement de cette méthode cycloïdale, en considérant comment Dieu demeure une énigme pour la philosophie et comment le mystère de la vie trinitaire vient éclairer cette énigme.
Sommaire
Cette étude porte sur le thème de la communauté dans les œuvres récentes de Jean-Luc Nancy, notamment La communauté désoeuvrée (1999) et La communauté affrontée (2001). Il s’efforce de retracer, de manière impressionniste, un tableau du milieu conceptuel dans lequel s’inscrit la réflexion du philosophe français et comment elle s’en démarque.
Summary
The present study intends to explore and deepen the notion of community in the recent works of Jean-Luc Nancy, particularly La communauté désoeuvrée (1999) and La communauté affrontée (2001). It tries to characterize Nancy’s reflection and its originality in relation to the so-called post-modern thinking.
Neither Ill nor Healed: The Current State of the Individual
Summary
According to Peter Sloterdijk (1947-…), professor of esthetics and philosophy
at the Higher Institute for Design in Karlsruhe, and professor of esthetics at
the Academy of Fine Arts in Vienna, the current state of the individual calls
for a critical examination of anthropocentrism and of the misunderstandings it
generates, and also for a proposal focusing on the ‘between’. This proposal
pertains to the overcoming of monocausality in terms of a one-dimensional
cause/effect relation, and to the search for what could provide orientation in a
world of complexity, namely a grammar of shared situation preventing the
so-called quality of life from becoming an addiction. Yet, no ethic is possible
when logic remains ignored and ontology unclear.
Sommaire
Selon Peter Sloterdijk (1947-…), professeur d’esthétique et de philosophie à l’Institut Supérieur de Design de Karlsruhe, et d’esthétique à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne, le statut actuel de l’individu nécessite l’examen critique d’un faux problème, l’anthropocentrisme, et des malentendus qu’il génère, ainsi que la mise en oeuvre d’un projet, celui du séjour dans un espace partagé. Seulement pressenti grâce à l’intérêt de ces dernières années pour l’environnement, ce projet met en déroute la pensée monocausale et se fonde sur une manière de vivre servant à s’orienter dans le monde de la complexité; ce qui permettrait d’éviter que ce qu’on appelle ‘qualité de vie’ ne devienne une dépendance. Car aucune éthique n’est possible aussi longtemps que la logique est ignorée et l’ontologie négligée.
Théologie fondamentale
La théologie comme science de Dieu et comme science de la religionSommaire
Cet article entend montrer la révolution qui s’est effectuée dans la théologie libérale issue de Schleiermacher. Alors que chez saint Thomas, l’objet de la théologie est Dieu lui-même, chez Ernst Troeltsch la théologie devient science de la religion. Paul Tillich reprend et systématise la position de Troeltsch, mais il entend aussi la dépasser pour mieux exprimer l’absolu de Dieu et de la religion. L’objet propre de la théologie devient chez lui l’« ultimate concern ».
Summary
This paper intends to show what kind of revolution happened in liberal theology with respect to the object of theology. While in Thomas Aquinas God himself is the object, Ernst Troeltsch conceives theology as a science of religion. Paul Tillich agrees with Troeltsch’s position, but he insists on the unconditional character of religion and God. So, theology becomes for him science of the ultimate concern.
Sommaire
Dans les années qui ont suivi la promulgation de la Constitution conciliaire Dei Verbum, le concept de révélation qui y est développé a été généralement reçu en théologie fondamentale comme « concept-clé » de la compréhension de soi du christianisme. Sous l’impact de divers facteurs, l’importance de ce concept s’est toutefois trouvée assez tôt relativisée, une place plus grande étant faite à ceux d’expérience et d’interprétation et la notion se voyant appliquée à d’autres traditions religieuses. Parmi les facteurs en cause, on en présente ici quatre qui ont été particulièrement déterminants : une approche de théologie transcendantale, de nouvelles pratiques exégétiques, le dialogue interreligieux et un déplacement majeur dans la manière dont se pose aujourd’hui la question de Dieu. Une théologie de la révélation soucieuse de sa pertinence doit désormais intégrer ces nouvelles questions.
Summary
In the years following the promulgation of the conciliary Constitution Dei
Verbum, its concept of revelation has generally been received as the key-concept
for Christianity’s self-understanding in fundamental theology. The importance of
this concept has however soon been relativized. To mention four factors :
transcendantal theology, new exegetical practices, interreligious dialogue and a
major shifting of the question of God. A theology of revelation cannot bypass
those issues if it is to be relevant today.
Sommaire
L’article examine la reprise interprétante de la problématique classique des rapports entre la foi et la raison chez Jean Ladrière. Trois conditions s’imposent : 1) la reconnaissance de la foi et de la raison comme deux ordres à la fois distincts et corrélés par voie d’analogie; 2) l’intégration de la vision moderne de la raison comme raison pratique et 3) la prise en compte de l’historicité spécifique à chacun des deux ordres. L’articulation de la foi et de la raison apparaît alors essentiellement comme l’articulation de deux modalités spécifiques d’historicité. Il appert que ces deux modalités sont de type eschatologique. La foi assume, à l’intérieur de sa propre structuration eschatologique, la structure eschatologique de la raison.
Summary
This article examines how Jean Ladrière actualizes the classical issue of the relations between faith and reason. Three conditions have to be met: 1) the aknowledgement that faith and reason pertain to two different orders while united by virtue of analogy; 2) the integration of the modern understanding of reason as primarily practical and 3) the awareness that both faith and reason are based of a certain kind of historicity. The articulation between faith and reason then appears essentially as an articulation between two modalities of historicity, both being eschatological. Faith assumes, inside its own eschatological structure, reason’s own eschatological structure.
Théologie et spiritualité
Espérance eschatologique et expérience spirituelleSommaire
Quelle est l’influence de l’espérance eschatologique sur le choix d’une spiritualité? Pour répondre à cette question, nous présentons ici le résultat sommaire d’une enquête menée sur les déplacements du discours eschatologique au cours des 50 dernières années. Un exemple suggère aussi comment pourrait se lire les corrélations entre eschatologie et spiritualité et soulève de nouvelles questions.
Summary
What is the influence of the eschatological hope on the choice of a spirituality? To answer this question, we offer here the result of a short inquest on the changes of the eschatological speech for the last 50 years. One example also suggests how to interpret the links between eschatology and spirituality and opens new questions.
La mystique dans la théologie de la grâce: prospecter un chemin de crête
Sommaire
L’effort de réflexion de la théologie se monnaie par la mise en oeuvre de concepts et de catégories empruntés à l’héritage de la réflexion philosophique. Dans la mesure où l’ontologie n’a pu s’affranchir complètement de l’analyse causale pour penser l’apport d’être nouveau que la créature est appelée à consentir à l’égard du don divin initial, un regard sur cette question devra tenter de débusquer la forme que prendrait l’agir causal de la créature prenant modèle sur des événements dans lesquels l’auteur de la nature et de la grâce nous a montré, le plus directement possible, la véritable toute-puissance de son amour. Notre enquête tente de suggérer comment celle-ci réside dans la capacité à s’affranchir de la situation d’éminence et d’univocité dans l’origine du don que nous lui attribuons spontanément. Non seulement a-t-on tenté ici de situer cet afflux d’être nouveau provenant de la création au cœur d’une méditation sur les grandes vertus théologales, mais on l’a fait tout spécialement en s’arrêtant à la question de la commission du mal et à celle de la sollicitation de la liberté comme condition de déploiement de l’action divine derrière le mystère de l’incarnation.
Summary
In its attempt at a systematic reflection, theology borrows from concepts and categories first propounded by the philosophical legacy and tradition. Considering that ontology could only think about the new quality of being stemming from the creature in front of the initial divine gift in terms of causality, a correct position of this problem should be expected to explore new pathways to think about the causal action of the creature modeled after events where we recognize how the author of nature and grace has shown us in a direct fashion what his almightyness means. We suggest that it is recognizable in a capacity to free itself from a position of eminence which we spontaneously predicate of it. In this article, an attempt was made to frame this new gift of being from the creation within a meditation on the theological virtues, with a particular emphasis on the question of the origin of evil as well as that of the invitation offered by the Creator to created agents as a precondition to his own action behind the mystery of Incarnation.
Sommaire
Au printemps 2006, des prises de parole publiques adressées aux évêques du Québec de laïcs, de prêtres, de religieux et religieuses ont suscité de vives réactions. Paroles dissonantes, inconvenantes, légitimes ou libératrices? Les opinions étaient partagées. En plus de dégager la signification profonde de cette forme «inusitée» d’expression, cet article tente de situer ce phénomène dans la longue tradition juridique de l’Église et examine les conditions et les modalités de l’expression des fidèles dans l’Église catholique.
Summary
In the spring of 2006 a number of laypeople, priests and religious made quite a stir when they addressed some very strong public remarks to the bishops of Quebec. Were these remarks indecorous and offensive, or were they legitimate and liberating? Opinions vary. This article, in addition to sifting out the deep significance of such unfamiliar forms of expression, attempts to understand the phenomenon against the background of the long juridical tradition of the Church, particularly as it affects the ways in which the faithful express themselves.
Le statut pluridisciplinaire de l’ecclésiologie. Une requête de Lumen Gentium 8 : « L’Église, réalité complexe, faite d’un double élément humain et divin »
Sommaire
La pluridisciplinarité se présente comme une exigence inhérente à la recherche en ecclésiologie. Cette exigence découle pour une part de l’objet même de celle-ci, à savoir l’Église « faite d’un double élément humain et divin », comme l’enseigne Vatican II. Aux approches et aux catégories de la théologie et de l’approfondissement dogmatique rendant compte de son mystère en tant que communauté de foi et de charité, il faut joindre, du fait de sa dimension sociale et visible, celles de la sociologie et de diverses disciplines plus ou moins liées à celle-ci (histoire politique, linguistique, géographie des schismes…). Par ailleurs, la pluridisciplinarité apparaît comme une conséquence épistémologique du statut intra-théologique de l’ecclésiologie. Celle-ci doit en effet se développer en fidélité étroite à l’Écriture et intégrer les perspectives de la théologie spéculative. L’ecclésiologue doit aussi intégrer à sa réflexion l’institutionnalité de l’Église, notamment le droit canonique, et être familier de la liturgie comme lieu théologique. Enfin l’ecclésiologue gagnera toujours à faire l’histoire de la question qu’il doit traiter.
Summary
Research in ecclesiology inherently requires a multidisciplinary approach. This requirement emerges in part from the very object of its investigation, namely the Church “composed of a double element, both human and divine” as Vatican II teaches. Besides making use of approaches and categories of theology and dogmatic investigation rooted in the Church’s mystery as a community of faith and charity, ecclesiology, because of its social, visible dimension, needs to incorporate sociology and various disciplines more or less related (political history, linguistics, geographical aspects of schisms...). Furthermore, such a multidisciplinary approach arises epistemologically out of ecclesiology’s status as a theological subdivision. This requires that it is developed in close fidelity to Scripture and is integrated within speculative theology. Ecclesiologists need also in their reflection to integrate the Church’s institutional nature, especially its canon law, and to be familiar with the liturgy as a locus theologicus. Finally, ecclesiologists will always profit from exploring the history of the question under consideration.
Jésus, « prophète eschatologique » ou « Christ »?
Sommaire
Que veut dire le nom de Jésus Christ aujourd'hui? Dans le premier volume de sa christologie, Edward Schillebeeckx répond en remontant, avec les ressources de l'histoire, au premier moment de l'identification de Jésus. Il estime que le concept central en jeu fut celui de «prophète eschatologique». Des réflexions récentes mettent en relief la dominante socio-politique de l'attente messianique de l'époque, et le renversement de cette attente visé par la confession «Christ» sous l'influence de l'événement pascal. La catégorie de «prophète eschatologique» apparaît donc insuffisante pour rendre compte de l'identification de Jésus. Le titre «Christ» renvoie à une réinterprétation du messianisme juif où Dieu prend toujours parti en faveur des exclus mais où son silence, à la croix, leur restitue l'espace pour faire de l'histoire le lieu d'une autre histoire que celle de la violence et de l'oppression.
Summary
What does the name Jesus Christ mean today? In the first volume of his Christology, Edward Schillebeeckx, with the help of historical resources, answers by pointing to the first moment of the identification of Jesus. He argues that the main central concept at play was the one of "eschatological prophet". Recent reflections bring to the forefront the socio-political dimension involved in the expectation concerning the Messiah at that period, and the overturning of this expectation brought about by the confession of "Christ" under the influence of the paschal event. It seems then that the "eschatological prophet" category is insufficient to explain the identification of Jesus. The title "Christ" refers to a reinterpretation of judaic Messianism where God always acts in favour of the excluded, but where his silence at the hour of the cross gives them back the necessary space so as to make of history something more than an history of violence and oppression.
Summary
Karl Rahner places human longing for God at the center of his theology, and
he presents Jesus Christ as God's response to the longing of the human heart.
Openness and gift thus stand as the
central themes of Rahner's work. The article probes Rahner's approach to the
human condition, christology, ecclesiology, and ecumenical dialogue.
Sommaire
Karl Rahner place au centre de sa théologie le désir de Dieu inscrit au plus profond du cœur humain et il présente Jésus Christ comme celui qui vient satisfaire cette soif fondamentale. C’est ainsi que les thèmes de l’ouverture et du don s’affirment dans son œuvre comme des notions centrales. Cette étude s’efforce de vérifier la portée de cette vision de Rahner tant pour la représentation de la condition humaine que pour une réflexion christologique et ecclésiologique et pour le dialogue œcuménique.
Œcuménisme
The Ecumenical Context of Dignitatis Humanae: Forty Years after Vatican IISummary
This article considers the ecumenical context for the elaboration of the text of the Second Vatican Council’s Declaration on Religious Liberty and its reception. In particular, the author demonstrates the convergence of the conciliar doctrine and the position of the World Council of Churches, and argues that consensus on this fundamental principle, together with the avoidance of proselytism, is a presupposition for serious ecumenical dialogue. The final section of the article explores the priority of this persistent issue in recent dialogue with Evangelical and Pentecostal movements on one hand, and in relationships with the Orthodox on the other.
Sommaire
Cette étude traite du contexte oecuménique de l’élaboration du texte de la Déclaration sur la liberté religieuse au deuxième concile du Vatican et de sa réception. Elle veut démontrer en particulier la convergence entre la doctrine conciliaire et la position du Concile Oecuménique des Églises. Elle maintient que le consensus sur ce principe de base, ainsi que le renoncement au prosélytisme sont des conditions préalables au dialogue œcuménique. La dernière partie de l’article étudie le caractère prioritaire de cette question, toujours pertinente, dans le dialogue récent avec les mouvements évangéliques et pentecôtistes d’une part, et avec les orthodoxes d’autre part.
Summary
The purpose of this study, dedicated to the memory of Thomas Potvin, O.P., is to retrace the difficult and slow development of the theological notion of authority in the Church during the twentieth century. At first, the concept was explicated largely through philosophical and secular models with hardly any attention given to biblical or dogmatic emphases. Later in the 1930s, largely through the renewal of biblical theology and explanations of the scriptural meaning of the terms exousia and dynamis, new perspectives emerged. Several pre-Vatican II symposia, especially one held in Le Bec, France, in 1961, set the stage for the theology elaborated at Vatican II and subsequently in the consensus statements of ecumenical consultations among the churches. Recent creative insights of individual theologians are noted. Finally, the recent appearance of a major study produced by the Groupe des Dombes on doctrinal authority (2005) is seen as the crowning point of this complex development.
Sommaire
L’objet de cette étude, dédiée à la mémoire de Thomas Potvin, o.p., consiste à retracer le lent et difficile développement qu’a connu, au cours du 20e siècle, la notion d’autorité dans l’Église. Cette notion fut d’abord élaborée en référence à des modèles de type philosophique et séculier, sans prêter vraiment attention aux données d’ordre biblique et dogmatique. Plus tard, au cours des années 1930, le renouveau des études bibliques et l’approfondissement des termes exousia et dynamis devaient entraîner un renouvellement des perspectives. Un certain nombre de sessions d’études antérieures au concile Vatican II, en particulier celle qui se tint au Bec en France en 1961, préparèrent les élaborations théologiques du Concile ainsi que les déclarations d’ordre œcuménique qui, par la suite, devaient résulter de la consultation des Églises chrétiennes et rendre compte de leur consensus. Après avoir noté les intuitions créatrices d’un certain nombre de théologiens, l’article s’intéresse en particulier à l’apport majeur du document sur l’autorité doctrinale produit en 2005 par le Groupe des Dombes, qui apparaît comme une sorte de couronnement au terme de ce long processus.
N.B. Ce numéro double ne contenait pas de comptes rendus, mais seulement des articles