ARTICLES |
Foi, croyance et raison selon Berkeley |
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Sébastien Charles | sommaire |
Berkeley’s Rejection of Divine Analogy |
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Stephen H. Daniel | sommaire |
Berkeley face à Mandeville : de La Fable des abeilles à la Lettre à Dion |
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Antônio Carlos dos Santos | sommaire |
Preserving the Torments of Hell: Berkeleian Immaterialism and the Afterlife |
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Marc A. Hight | sommaire |
Quelle preuve de l’existence de quel Dieu? À propos de la « démonstration de l’existence de Dieu » dans Alciphron IV |
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Luc Peterschmitt | sommaire |
Plaisir sensible et beauté morale dans le troisième dialogue de l'Alciphron : Berkeley face à la naissance de l'esthétique |
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Mitia Rioux-Beaulne | sommaire |
Alciphron ou la théorie du complot |
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Pascal Taranto | sommaire |
SECTION HORS THÈME |
Malebranche : Order and the Natural Law |
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David C. Bellusci, O.P. | sommaire |
Love is Free or it is not Love: Why the Immanent Trinity Still Matters in the Thought of Karl Barth and in Contemporary Theology |
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Michael T. Dempsey | sommaire |
RECENSIONS ET COMPTES RENDUS |
Philosophie et histoire Chantal DELSOL, Qu’est-ce que l’homme? Cours familier d’anthropologieStéphane Vibert Yves-Marie ADELINE, La pensée antique. Mythes, sagesses orientales et philosophie grecque Pierre Métivier, o.p. Hans Dieter KITTSTEINER, Marx-Heidegger. Les philosophies gnostiques de l’histoire Émilie Bernier Denise ROBILLARD, L’Ordre de Jacques Cartier 1926-1965. Une société secrète pour les Canadiens français catholiques Stéphanie Chouinard
Théologie LA BIBLE, Traduction œcuménique TOBGérard BILLON, Bernard COYAULT, Sophie SCHLUMBERGER, Andrée THOMAS (dir.), L’aventure de la TOB (Jean Doutre) Isabelle CHAREIRE et Christian SALENSON (dir.), Le dialogue des Écritures Walter Vogels Pierre GIBERT, L’invention critique de la Bible. XVe - XVIIIe siècle Walter Vogels Joseph MOINGT, Dieu qui vient à l’homme Louis Roy, o.p. Jeffrey GROS, Thomas F. BEST, Lorelei F. FUCHS (eds.), Growth in Agreement III. International Dialogue Texts and Agreed Statements 1998-2005 Catherine E. Clifford Christoph THEOBALD, « Dans les traces… » de la constitution « Dei Verbum » du concile Vatican II. Bible, théologie et pratiques de lecture Louis Roy, o.p. |
SOMMAIRES |
SOMMAIRE
Le combat de Berkeley contre les sceptiques est habituellement restreint à l’attaque en règle qu’il en propose dans les Principes et les Dialogues où il s’agit avant tout de s’opposer aux conséquences épistémologiques et ontologiques des philosophies de Descartes et de Locke. Mais, dans l’Alciphron, le combat contre le scepticisme change de sens, le sceptique étant désormais présenté comme un redoutable adversaire qui mine les fondements de la foi chrétienne. Dès lors, c’est à un autre type de scepticisme qu’il faut s’affronter, celui de Bayle, qui conduit au fidéisme et au pyrrhonisme historique. Contre Bayle, Berkeley devra démontrer qu’il existe des raisons de croire, afin de contrecarrer l’option fidéiste, et, contre le pyrrhonisme historique cette fois, il faudra justifier non seulement l’existence du Dieu chrétien mais aussi sa providence et l’inscription de sa marque dans l’histoire, afin d’éviter les conséquences désastreuses pour la foi chrétienne de ce pyrrhonisme qui conduit à remettre en question l’authenticité du texte révélé.
SUMMARY
Usually Berkeley’s battle against the sceptics was limited to his principled objection, as outlined in the Principles and the Dialogues, that philosophies such as those of Descartes or Locke must be opposed above all for their ontological and epistemological consequences. In the Alciphron, however, he would begin fighting them on a new front, turning to face the scepticism of Bayle, which he there portrays a philosophy conducive to fideism and to historical pyrrhonism, and thus a formidable threat to the very foundations of Christian faith. In order to foreclose on fideism Berkeley feels he must prove that reasons do indeed exist for belief, and to thwart historical pyrrhonism he feels, he must justify not only God’s existence, but also His providence, and His mark on history. The disastrous consequences, otherwise, for Christian faith, would be to cast the authenticity of the revealed Word into doubt.
SUMMARY
Berkeley argues that claims about divine predication (e.g., God is wise or exists) should be understood literally rather than analogically, because like all spirits (i.e., causes), God is intelligible only in terms of the extent of his effects. By focusing on the harmony and order of nature, Berkeley thus unites his view of God with his doctrines of mind, force, grace, and power, and avoids challenges to religious claims that are raised by appeals to analogy. The essay concludes by showing how a letter, supposedly by Berkeley, to Peter Browne (“discovered” in 1969 by Berman and Pittion) is, in fact, by John Jackson (1686–1763), controversial theologian and friend of Samuel Clarke.
SOMMAIRE
Berkeley soutient que les allégations sur la prédication divine (par exemple, Dieu est sage ou Dieu existe) doivent être comprises littéralement plutôt que par analogie, parce que, comme tous les esprits (c’est-à-dire les causes), Dieu n’est intelligible qu’en fonction de l’étendue de ses effets. En se concentrant sur l’harmonie et l’ordre de la nature, Berkeley réconcilie ainsi sa conception de Dieu avec ses doctrines concernant l’esprit, la force, la grâce et la puissance, et évite les enjeux propres aux revendications religieuses qui découlent du recours à l'analogie. L'article se conclut en montrant comment une lettre attribuée à Berkeley et adressée à Peter Browne (« découverte » en 1969 par Berman et Pittion) doit en fait être attribuée à John Jackson (1686-1763), un théologien controversé et ami de Samuel Clarke.
Berkeley face à Mandeville : de La Fable des abeilles à la Lettre à DionSOMMAIRE
Le but de cet article est d'analyser le débat ayant eu lieu entre Berkeley et Mandeville autour de la publication de l’Alciphron, qui critique la Fable des abeilles, et de la Lettre à Dion, qui constitue la réponse de Mandeville aux attaques de Berkeley. De ce débat ressort une série de questions centrales évoquées dans cet article, à savoir: peut-on attribuer une place à la religion dans la conception que se fait Mandeville de la société ou dans son système économique, politique et social ? Si tel est le cas, quel rôle lui conférer ? Et, si ce n’est pas le cas, sur quelles fondations faire reposer la morale au niveau social si la religion est évacuée ?
SUMMARY
The purpose of this text is to analyze the debate between Berkeley's Alciphron and Mandeville's The Fable of the Bees and Letter to Dion, which constitutes the response by Mandeville against Berkeley. From this debate, a series of central questions are evoked in this article, namely, Can there be a place for religion in Mandeville's society or in his social, political and economic system? If so, which role would it play? If not, on what foundation would morality in social life be based?
Preserving the Torments of Hell: Berkeleian Immaterialism and the AfterlifeSUMMARY
Some might question whether Berkeley’s innovative immaterialist philosophy can comfortably accommodate the Christian doctrine of eternal reward and punishment. In this paper I contend he can while providing the traditional theist with additional resources to fend off at least several of the seventeenth and eighteenth century concerns that arguably led to the diminution of belief in hell. As an added benefit, one can even speculate that Berkeley has a diagnosis for the decline in the ‘popularity’ of the traditional view of hell, namely the rise of materialism in popular thinking. In short, I claim that for Berkeley heaven and hell are not locations, but shorthand locutions for felicitous (or infelicitous) orderings of ideas perceived by finite minds. The resulting picture is both consonant with Christian dogma and makes it more amenable to reason, furthering a larger project of mine to demonstrate that serious Christians ought to endorse immaterialism.
SOMMAIRE
Certains se demandent si la philosophie immatérialiste innovatrice de Berkeley peut aisément être reliée à la doctrine chrétienne des récompenses et des punitions éternelles. Dans cet article, je montre qu’elle le peut effectivement, tout en fournissant au théiste traditionnel des ressources additionnelles pour atténuer certains parti-pris propres aux XVIIe et XVIIIe siècles qui ont contribué à affaiblir la croyance en l’enfer. On peut en outre trouver chez Berkeley un diagnostic expliquant le déclin de la popularité de la vision traditionnelle de l’enfer, à savoir la montée du sentiment matérialiste dans les couches populaires. Je défends en outre l’idée que, pour Berkeley, le ciel et l’enfer ne sont pas des lieux mais plutôt des locutions abrégées pour l’arrangement heureux (ou malheureux) des idées perçues par des esprits finis. L’image qui en résulte est en accord avec le dogme chrétien, rendu ainsi plus conforme à la raison, ce qui rend pertinent le projet de démontrer qu’un chrétien rigoureux devrait adopter l’immatérialisme.
Quelle preuve de l’existence de quel Dieu? À propos de la « démonstration de l’existence de Dieu » dans Alciphron IVSOMMAIRE
Dans le quatrième dialogue de l’Alciphron, Berkeley propose une preuve originale de l’existence de Dieu fondée sur la considération de la nature comme langage divin. Dans cet article, j’examine pourquoi Berkeley propose une telle preuve : elle doit permettre de démontrer l’existence d’un Dieu providentiel, tout en échappant aux difficultés traditionnelles de la théologie rationnelle [les attributs moraux (liberté, providence etc.) échappent aux preuves a priori, tandis que les attributs essentiels (unicité, infinité etc.) ne sont pas pris en charge par les preuves a posteriori]. Cependant, je montre que la tentative de Berkeley reste un échec : il achoppe sur la question de l’infinité. La notion que nous pouvons nous faire de Dieu reste nécessairement inadéquate : l’analogie de nous à Dieu ne permet pas de conserver l’univocité des attributs. Mais du coup, il ne parvient pas à répondre à l’objection fondamentale de la libre-pensée selon laquelle nous ne savons pas de quoi nous parlons quand nous parlons de Dieu.
SUMMARY
In the fourth Dialogue of Alciphron, Berkeley gives an original proof of the existence of God, grounded on the consideration of nature as a divine language. In this paper, I examine why Berkeley gives such a proof. It is supposed to demonstrate the existence of a divine Providence while escaping the traditional difficulties of rational theology [the moral attributes of God (liberty, providence etc.), which cannot be proved by a priori demonstrations, and the essential attributes (uniqueness, infinity etc.), which cannot be proved by a posteriori demonstrations]. However, I show that Berkeley’s attempt fails, because he does not succeed in dealing with the infinity of God. The notion of God that we can frame is necessarily inadequate: the analogy between man and God does not allow us to speak unequivocally of the divine attributes. Thus, Berkeley cannot escape the objection raised by the free-thinkers according to which we do not know what we are talking about when we speak of God.
Plaisir sensible et beauté morale dans le troisième dialogue de l'Alciphron : Berkeley face à la naissance de l'esthétiqueSOMMAIRE
Par une analyse de l’argumentaire du troisième dialogue de l’Alciphron, cette étude propose d’observer la réaction de Berkeley à la naissance de l’esthétique philosophique moderne telle qu’elle se manifeste dans les théories du sens moral (Shaftesbury, Hutcheson). Il y est montré que, loin de s’intéresser aux arguments philosophiques qui sous-tendent ces théories pour eux-mêmes, Berkeley s’y livre à une attaque qu’on pourrait qualifier d’idéologique, c’est-à-dire en cherchant à faire voir que ces théories sont dangereuses pour l’ordre moral, social et religieux. Pour ce faire, il les traite comme des avatars de ce « matérialisme » qu’il juge impliqué dans toute la nouvelle philosophie, et contre lequel il élabore le programme d’une esthétique et d’une philosophie morale renouant avec le finalisme.
SUMMARY
By analyzing the third dialogue of the Alciphron, this study proposes to look at Berkeley’s reaction towards the birth of the Modern philosophical aesthetics as it is manifested in the theories of moral sense (Shaftesbury, Hutcheson). It is shown that, far from drawing on the philosophical arguments that these theories rely on, Berkeley’s criticism corresponds to what we call an ideological approach, founded on the idea that these theories are dangerous for the moral, the social and the religious orders. He thus treats them as forms of this “materialism” that he finds everywhere in the new philosophy, and against which he opposes a finalist program for aesthetics and moral philosophy.
Alciphron ou la théorie du complotSOMMAIRE
L’Alciphron est un ouvrage énigmatique dont la place, entre philosophie et apologétique, n’est pas claire dans l’œuvre de Berkeley. Désaveu de sa « philosophie » de 1710, dont elle passe sous silence le résultat le plus notable (l’immatérialisme), elle se signale pourtant par des inventions spéculatives hardies concernant le langage. Mais ces spéculations nouvelles sont mises au service d’une apologétique : il s’agissait de défendre la religion chrétienne, dernier rempart de la civilisation des mœurs par l’éducation théologique, contre un complot de la libre pensée visant à destituer la religion de ce rôle. Que la philosophie soit en fin de compte réduite ici à un rôle ancillaire, ce n’est certes pas nouveau ; mais cette subordination est ici défendue par une analyse de la distinction du vrai et de l’utile qui explique pourquoi, in fine, si Berkeley avait pu par le passé adopter la posture de ses adversaires, il n’avait jamais cédé à la fascination du vrai pour lui-même mais toujours subordonné ses talents polémiques à la défense que ce qu’il estimait l’utile souverain : le bonheur de l’humanité.
SUMMARY
Alciphron is an enigmatical book, whose place in Berkeley’s works, between philosophy and apologetics, is not clear. On one hand, it looks like a repudiation of Berkeley’s former philosophical attempts and most famous results (immaterialism); on the other, it proposes some bold speculative theories concerning natural and divine language. But, these new speculations are supposed again to serve Christian apologetics: Berkeley was concerned with a defence of religion, as the ultimate shield of civilization, against what he believed to be a freethinkers’ plot against the religious pretence to master and educate humanity, leading, through perverted human desires, visible in the field of the new economy, to the decline of Great Britain. To consider philosophy as ancilla theologiae is not really new, but this subordination is here founded upon a thorough analysis of the distinction between truth and usefulness. This explains why Berkeley, while pretending in his youth to be a kind of freethinker himself, never subscribed to the freethinker’s motto “to love truth for truth’s sake”, but was always eager to promote first what he thought to be “the happiness of mankind”.
Malebranche : Order and the Natural LawSUMMARY
In this paper I claim that in Malebranche’s ethics finds its source in divine order. Drawing from St. Augustine, Malebranche affirms that eternal law has been impressed upon minds, a law that is ordinatissima. The natural law theory that Malebranche advances is rooted in his earlier view that God governs through lois générales and volontés générales (later abandoned for “eternal law”). These laws are differentiated from the volontés particulières which Malebranche rejects to avoid the whimsical laws of a voluntarist God. The individual exercises virtue when imitating divine order which does not permit a subjective and ad-hoc morality reflected in particular laws. In his Réflexions sur la prémotion physique Malebranche reformulates divine order as the eternal law; truths existing in the divine mind include moral truths. The moral upheaval in the cosmos anticipates a solution re-establishing divine order.
SOMMAIRE
Dans cet article je soutiens que l’éthique de Malebranche est fondée sur l’ordre divin. Puisant dans la pensée de s. Augustin, Malebranche affirme que la loi éternelle a été imprimée sur les esprits, une loi qui est ordinatissima. La théorie de la loi naturelle que Malebranche propose est enracinée dans une affirmation plus ancienne selon laquelle Dieu gouverne à travers des lois générales et des volontés générales (abandonnée plus tard pour la « loi éternelle »). Ces lois sont distinguées des volontés particulières que Malebranche rejette pour éviter les lois d’un Dieu volontariste et capricieux. L’individu est vertueux lorsqu’il imite l’ordre divin; ceci ne permet pas une morale subjective et ad hoc comme celle qui se manifeste dans les lois particulières. Dans ses Réflexions sur la prémotion physique Malebranche reformule l’ordre divin comme étant la loi éternelle; les vérités existant dans la pensée divine incluent les vérités morales. Le désordre moral dans l’univers prévoit une solution qui va rétablir l’ordre divin.
Love is Free or it is not Love: Why the Immanent Trinity Still Matters in the Thought of Karl Barth and in Contemporary TheologySUMMARY
A recent debate among the interpreters of Karl Barth’s theology of Trinity and Election has set off a firestorm of theological activity. On the one hand stands Bruce McCormack who has put forth the provocative claim that God’s being ad intra is constituted by God’s acts ad extra which means, logically, the doctrine of election ought to have preceded Barth’s theology of the Trinity in the Church Dogmatics. On the other side stand George Hunsinger and Paul Molnar who offer a more traditional interpretation. They argue that if God’s triunity is constituted by the eternal act of election, then God has no independent existence apart from creation. This paper will introduce the debate in order to explain its significance for contemporary theology. Following the traditional line of interpretation, I will argue that the immanent Trinity is necessary to distinguish the being of God from the being of the world, and so is necessary to preserve God’s identity and agency as distinct from that of the world. I will then argue that the immanent Trinity is necessary to establish a firm foundation for the knowledge of God in the revelation of the being of God, and not in the vagaries of human experience as in much modern theology. Finally, I argue that the immanent Trinity is essential to preserving the sovereignty and gratuity of God’s grace and providence which work efficaciously from within, above, and through the genuine agency of human beings. Far from being bound up with abstract speculation about the inner being of God while sanctioning hierarchy, domination, and independence, the immanent Trinity actually serves to establish human love and freedom in God because God is love and freedom in and of himself and thus empowers and enables human beings to work against such systems in a corresponding and analogous way.
SOMMAIRE
Un débat récent parmi les spécialistes de la théologie de Karl Barth concernant la Trinité et l’élection a suscité toute une fermentation d’ordre théologique. Pour une part, Bruce McCormack a lancé l’affirmation provocatrice selon laquelle l’être de Dieu ad intra est lié à l’activité de Dieu ad extra. Selon cette logique, la Dogmatique de Karl Barth aurait dû aborder la théologie de l’élection avant celle de la Trinité. George Hunsinger et Paul Molnar proposent par ailleurs une interprétation plus traditionnelle. Si, affirment-ils, la “tri-unité” de Dieu est constituée d’un acte éternel d’élection, il en résulte que Dieu n’a pas d’existence indépendante de la création. Le présent article se propose d’introduire à ce débat afin d’en montrer la signification pour la théologie contemporaine. Dans une ligne plus traditionnelle, je défends l’idée que la Trinité immanente est nécessaire pour distinguer l’être de Dieu de l’être du monde, et, partant, pour maintenir la distinction de l’identité et de l’action de Dieu par rapport à celles du monde. Je soutiens ensuite que la Trinité immanente est nécessaire pour poser un fondement solide à la connaissance de Dieu à partir de la révélation de son être, et non des aléas de l’expérience humaine, comme le représente souvent la théologie moderne. Je veux montrer enfin que la Trinité immanente est essentielle pour maintenir le caractère gratuit et souverain de la providence et de la grâce de Dieu dont l’action efficace opère à l’intérieur, au-dessus, en même temps qu’à travers l’authentique médiation des êtres humains. Loin d’être liée à une spéculation abstraite sur l’être intérieur de Dieu tout en justifiant la tendance humaine à la domination hiérarchique et à l’indépendance, la Trinité immanente permet en réalité de fonder en Dieu l’amour humain et la liberté, du fait que Dieu est de lui-même et en lui-même amour et liberté et confère ainsi aux humains une capacité d’aller à l’encontre de tels systèmes de la façon et au niveau qui leur conviennent.