Le CUD est héritier d’un des plus anciens modèles universitaires de la culture occidentale. Le studium generale qui voit le jour au début du XIIIe siècle, tout comme l’université même, est un centre de vie intellectuelle spécialisé le plus souvent en philosophie et en théologie.
L’Ordre des prêcheurs (Dominicains), fondé à la même époque (1215) par Dominique de Guzmán, adopte dès le début ce modèle de studium generale. De fait, Thomas d’Aquin reçoit sa formation de base en philosophie et en théologie au premier studium generale établi par l’Ordre à Paris en 1229. L’établissement de quatre autres centres suit en 1245, à Cologne en Allemagne, à Bologne en Italie, à Oxford en Angleterre et à Montpellier en France. Fidèle à cette longue et riche tradition intellectuelle, l’Ordre a maintenu ce modèle au fil des siècles. Au Canada, en 1900 on assiste à la création du centre institutionnel d’études de l’Ordre à Ottawa puis, dix ans plus tard, à sa reconnaissance officielle comme studium generale.
CUD est installé dans un bâtiment patrimonial en pierre grise, le couvent dominicain Saint-Jean-Baptiste, avec sa propre église du même nom. Bien qu’il semble difficile de le croire maintenant, mais la formidable structure, fièrement perchée au sommet de la colline de Primrose, fait face au LeBreton Flats, n’était pas toujours aussi invincible que cela puisse paraître à première vue. Dans la terrible nuit du 8 février 1931, un incendie détruit l’église Saint-Jean-Baptiste et une partie de l’aile ouest de l’ancien couvent. Un an plus tard, à Pâques 1932, le couvent et l’église nouvellement reconstruits ont été officiellement inaugurés.
« Voyez-moi cette forteresse massive et carré, toute en pierre gris foncé, un quadrilatère parfait où règnent en maîtres intraitables la ligne et l’angle droits… et on dirait un médiéval château fort… de la Vérité! », Georges-Henri Lévesque, o.p., se souvient (1).
Notre propre puissance vedette
CUD possède sa propre puissance vedette avec les noms des philosophes de renommée mondiale Étienne Gilson et Jacques Maritain à jamais liés à l’histoire de l’institution. En 1934, le philosophe catholique français Jacques Maritain a visité le collège et a donné trois conférences sur les « grandes positions intellectuelles prises dans le monde antique, chrétien et moderne à l’égard de la science et de la sagesse » (2).
Et en 1935, le membre «immortel» de l’Académie française, le philosophe thomiste français Étienne Gilson, entame sa collaboration avec l’Institut d’études médiévales (déménagé à Montréal depuis) hébergé par ce qui deviendra plus tard CUD où il donne trois cours sur «Duns Scot et les theoremata» (3).
La pensée thomiste est à ce jour la fondation solide qui unit les deux facultés de CUD, Philosophie et Théologie, et sert de pont entre CUD et d’autres universités dominicaines aux États-Unis et en Europe.
En 1967, s’étant vu conférer une charte universitaire civile par le gouvernement de l’Ontario, il devient le Collège dominicain de philosophie et de théologie. Depuis, il accueille des étudiantes et étudiants autres que des Dominicains et leur décerne des grades universitaires civils en philosophie et théologie.
Le CUD se joint à l’Association des universités et collèges du Canada (AUCC) en 1974 et connaît une croissance continue, grâce surtout à l’ajout de programmes de premier cycle pour anglophones en philosophie en 1992 et en théologie en 2003. De plus, il offre un programme bilingue d’études supérieures en philosophie depuis 1997 et fait de même en théologie depuis 2007.
En mai 2012, le CUD s’affilie officiellement à la Carleton University. Peu après il adopte le nom Collège universitaire dominicain/Dominican University College. De concert avec la Carleton University, le CUD mène à bonne fin le Processus institutionnel d’assurance de la qualité (PIAQ) en 2013 et 2017. Tous ses programmes de premier cycle et des cycles supérieurs en philosophie et en théologie sont entièrement agréés et financés par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle.
1) Koinônia 2000, numéro 17, édition spécial, mai 2000, p. 32.
2) Koinônia 2000, numéro 17, édition spécial, mai 2000, p. 36.
3) Ibid.